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Le fil d'actu du mois - Février 2015

Des alternatives à la surmédication des aînés en Ehpa

Le phénomène de surmédication n’est pas nouveau en France, mais est-il vraiment irrémédiable ? Face au constat accablant de plusieurs rapports sur la consommation de médicaments chez les personnes âgées, de plus en plus de spécialistes recommandent d’adopter des alternatives non médicamenteuses. 

 

Neuf médicaments par ordonnance

Le 28 janvier dernier, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir a publié une étude qui met en cause la surprescription de médicaments chez les personnes âgées de 75 ans et plus. Les quelque 350 ordonnances fournies par les proches d’aînés polymédicamentés, analysées par l’association dans le cadre de cette enquête, contiennent en moyenne 9 médicaments. Certains seniors reçoivent jusqu’à 21 médicaments différents par ordonnance !

 

Cette étude révèle par ailleurs que 40 % de ces ordonnances contiennent des médicaments inscrits dans la liste de Laroche, recensant les traitements potentiellement inappropriés aux personnes âgées. Ces médicaments sont d’autant plus délétères qu’avec l’âge, l’organisme a des difficultés à éliminer les molécules absorbées, qui s’accumulent et peuvent provoquer une surdose et des effets indésirables.

 

Rappelons en effet que la Haute Autorité de Santé (HAS) évalue le nombre d’hospitalisations dues à des accidents iatrogènes à 10 % chez les seniors d’au moins 65 ans. Un taux qui atteint les 20 % chez les octogénaires.

 

Par ailleurs, un rapport sur la politique du médicament en EHPAD, réalisé par Philippe Verger du CHU de Limoges, et présenté au ministère de la Santé en décembre 2013, montre que les résidents consomment en moyenne sept molécules différentes par jour et par personne. Une utilisation qu’explique la polypathologie des résidents, dont la majorité est atteinte de démence et de troubles dépressifs ou du comportement.

 

 

Des ateliers thérapeutiques pour réduire les prescriptions médicamenteuses

Mais la consommation de plusieurs substances différentes peut entraîner des interactions médicamenteuses et des effets indésirables chez les personnes âgées fragiles. Les médicaments les plus souvent utilisés par les aînés sont des anti-inflammatoires, des anxiolytiques, des antidépresseurs et des somnifères.

 

S’il n’est pas question de renoncer au traitement de troubles cardiaques ou d’un cancer, de plus en plus de gériatres affirment qu’il est souvent possible de trouver des alternatives non médicamenteuses aux psychotropes et aux antidépresseurs. Au lieu de traiter les pathologies cognitives liées au vieillissement en recourant automatiquement à des médicaments, il conviendrait d’adopter des thérapies non médicamenteuses pour calmer les angoisses ou détendre les résidents souffrant de troubles du comportement.

 

De plus en plus d’établissements ont introduit dans leurs prestations des ateliers thérapeutiques qui permettent de réduire la consommation de médicaments chez les résidents les plus fragiles. La balnéothérapie et la zoothérapie peuvent notamment relaxer les patients et atténuer leurs angoisses. 

 

Des ateliers mémoires, animés par des psychomotriciens, favorisent par ailleurs les réminiscences et les liens sociaux, redonnant aux résidents l’envie de participer à la vie de la résidence et amoindrissant la nécessité d’utiliser des antidépresseurs. De même pour l’art-thérapie qui favorise l’expression et donne du plaisir. Au colloque « regards croisés sur le vieillissement » qui s’est tenu à Quimper les 12 et 13 février, une directrice de résidence pour personnes âgées a montré comment ces thérapies ont réussi à réduire les prescriptions médicamenteuses de 60 % chez des résidents atteints de démence.


Vu dans la presse ce mois-ci:
L'Alzheimer ne commence pas...
Le Figaro 11 février 2015
Une étude indépendante bétonne...
Géronto News 4 février 2015
Voir les articles des mois précédents : Août 2015 - Prévenir le suicide en informant les professionnels Juin 2015 - La prévention des fortes chaleurs en Ehpad avant l'été Mai 2015 - L’autoévaluation pour améliorer ses pratiques de bientraitrance Avril 2015 - Le projet de loi « vieillissement » et sa portée pour les Ehpad Mars 2015 - Lancement d’un portail gouvernemental dédié au grand âge Janvier 2015 - De plus en plus de personnes très âgées et dépendantes en établissement Décembre 2014 - Le financement en EHPAD remis en cause

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