À l’occasion de la journée mondiale de prévention du suicide qui aura lieu le 10 septembre, MediPages fait le point sur un phénomène qui touche chaque année quelque 3 000 aînés. Savoir reconnaître les signes de dépression et la conduite à tenir en cas de crise est nécessaire pour prévenir un fléau qui prend de l’ampleur plus la personne vieillit.
Près du tiers des suicides commis par des seniors
Les plus de 65 ans représentent 20 % de la population française, mais près de 30 % des suicides. Quelque 3 000 personnes âgées se suicident chaque année (Inserm/CépiDC). Cet acte ultime est le plus souvent le résultat d’une dépression due à plusieurs facteurs : les situations de perte (du conjoint, d’un aidant naturel, de la santé ou de l’autonomie, ou encore d’un environnement familier lorsque l’aîné doit entrer en institution), l’isolement, les difficultés ou restrictions financières, etc.
En outre, avec l’âge, le risque augmente. En effet, la proportion des suicides chez les plus de 85 ans est quatre fois plus élevée que dans l’ensemble de la population française.
Des signes dépressifs à repérer
Il n’est pas toujours aisé de reconnaître les signes dépressifs chez les aînés, car les personnes âgées ne se plaignent pas forcément. Cependant, un aîné qui devient taciturne ou silencieux, ou qui s’abstient de lumière et limite ses prises alimentaires peut être déprimé. Des phrases comme « Je ne suis plus bon à rien » ou « Je n’ai plus ma place ici » doivent aussi alerter d’un mal-être. L’aîné déprimé à tendance à se replier sur lui ou à s’accuser ou à se dévaloriser. En outre, si la personne âgée se plaint souvent de douleurs, cela peut être un indice témoignant qu’elle est mal dans sa peau.
Lorsque l’aîné se désintéresse de tout ou ne fait plus de projets, n’a plus aucun plaisir à manger ou perd du poids, ou encore lorsqu’il ne désire plus rencontrer ses amis, il y a lieu de suspecter une dépression et d’agir pour prévenir un éventuel suicide. Les personnes qui ne passent pas à l’acte peuvent toutefois se laisser aller et attendre la mort (syndrome de glissement).
En 2013, le gouvernement a lancé le programme Mobiqual à destination des professionnels intervenant auprès des aînés dépendants à domicile ou en maison de retraite. Mobiqual comprend des outils sur les principaux thèmes relatifs au grand âge, afin d’informer et sensibiliser les professionnels. L’outil "Dépression et prévention du suicide" vise à aider les professionnels à repérer et prendre soin de la dépression chez la personne âgée, ce qui permet de réduire les cas de suicide.
Les pratiques professionnelles à améliorer pour prévenir le suicide
Un rapport du CNBD (Comité National pour la Bientraitance et les Droits des personnes âgées et des personnes handicapées) remis en 2013 au ministère chargé des personnes âgées et de l’autonomie propose de travailler sur trois axes pour lutter contre le suicide des âgés.
Le CNBD recommande dans un premier lieu de diffuser des messages permettant d’informer le grand public et de le sensibiliser au Bien Vieillir. Il souligne l’importance de mettre en œuvre des programmes pour prévenir l’isolement des aînés. Le deuxième axe consiste à améliorer la formation des professionnels et bénévoles qui accompagnent les aînés, en leur apprenant à reconnaître les signes de souffrance psychique et les facteurs de risque, ainsi que ce qu’ils peuvent faire pour aider les aînés au bord du suicide. Enfin, le CNBD préconise de renforcer les actions déjà entreprises et de diffuser auprès de tous les professionnels les outils de prévention du suicide.
